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Ce que je pense "Où vont les rêves quand la nuit tombe ?" De Richard Taillefer, Par Jean-Louis Riguet
Ce que je pense Où vont les rêves quand la nuit tombe ?
Tout d’abord, il s’agit d’un tout petit format, facile à mettre dans sa poche, aisé à dégainer pour quelques minutes à tuer. Ah ! Tuer le temps avec des poèmes de Richard Taillefer, c’est tout un programme.
Le poète nous plonge dans ce qu’il appelle la PoéVie. Il capte puis restitue des instants de vie. Notamment dans son village du Midi où il fume sa pipe de Cogolin, assis devant un café à la terrasse du seul Kafé du bourg, au nom prétentieux de grand Kafé de France. Il aime son village de Montmeyan où rien ne lui échappe, surtout pas les subtilités.
Son style est unique. Il nous fait partager, depuis sa fenêtre, la jeune fille qui retrouve sa terrasse. Et aussi les îles de l’impossible qui attendent son naufrage. Quand il ne nous parle pas de sa Tante Chaline vêtues de ces longues robes imprimées des années 40. Bref, il nous invite à ces instants de vie qu’il sait saisir à merveille.
Chaque évocation est profonde
et nous entraîne, si l’on prend la peine de s’arrêter un peu sur le texte, vers des montagnes de poésie qui nous remuent. Et parfois ils nous dérangent. Les textes sont beaux, émouvants, à l’image d’une ire, certains font mal. Le poète débraillé sait cogner et ne se prive pas de cogner. Toute une souffrance intérieure sort au fil des mots, des pages ? Parfois, une déchirure explose, cela ne dure pas, mais l’explosion a eu lieu. Tout le travail qu’il y a derrière fait entendre le vécu dans ces lignes magiques. Richard Taillefer nous offre, une nouvelle fois, un beau travail plein de PoéVie.
Couverture: Patrick Lipski
L’auteur Richard Taillefer
Richard Taillefer, un poète débraillé.
Né un 21 avril 1951 à Montmeyan, un petit village du haut Var, au pied des gorges du Verdon. Après 20 premières années à Marseille, il vit actuellement en Seine-et-Marne. Certificat d’étude primaire, un CAP d’ajusteur en poche, un BT en fonderie (moulage à vert).
https://grostextes.fr/.../ou-vont-les-reves-quand-la...
Richard Taillefer, On ne s’égare pas dans le sommeil des autres
D
égager la gangue du paysage
Richard Taillefer sait regarder le monde et le restitue dans un jeu où, pour chaque page, un caractère descriptif paysager ou existentiel se double d’une synthèse poétique qui la prolonge ou renverse l’évocation première. Entre miroir et texture il s’agit d’accepter le saut vers ce qui échappe aux limites d’une préhension normative par le détournement que le poète propose et dont la puissance ne tient pas à la teneur de la représentation mais à la manière de restituer du réel.
Pour autant, il ne s’agit pas en travaillant les lieux et situations de paranoïser le monde mais de montrer ce qui, dans les paysages quotidiens comme en nous-mêmes, les dégage de leurs gangues.
Le poète, en ces traversées, reconduit le lecteur de manière insidieuse vers les défilés de l’inconscient, en « parfois retombant / mais te relevant toujours », ce qui défie les lois de la gravité. Plutôt que de se défiler devant le péril des traversées proposées, Taillefer lutte contre l’enlisement de tous les jours. Et ce, même si l’être souvent se dérobe avec ambiguïté.
La jouissance que provoque une telle oeuvre n’a donc rien d’un leurre mais d’une difficulté : car elle ne se laisse pas facilement apprivoiser là où la « phase finale » crée une verticalité face à l’horizontalité du texte premier.
jean-paul gavard-perret
PoéVie Blues, Richard Taillefer
Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) 10.03.16 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie
PoéVie Blues, éd. PREM’édit, août 2015, 106 pages, 13 €
Ecrivain(s): Richard Taillefer
PoéVie Blues, Richard Taillefer
Dans les PoéVie Blues de Richard Taillefer, tombent des miettes de désillusion au Café de la mélancolie.
Sur le rebord de la fenêtre
Quelques piafs en repérage
De mes dernières miettes de désillusion
On va ici prendre un verre, comme un certain Richard, et l’on se dit qu’il se fait tard, et que les gens, il ne conviendrait de les connaître que disponibles, à certaines heures pâles de la nuit… (Richard, Léo Ferré). Pas de jugement, pas de nostalgie négative dans le blues de cette PoéVie prise sur le vif dans la trame du quotidien, au pied levé de chaque aube qui se lève et qui éclaire le chemin d’une nouvelle route, dans Ce va et vient insoluble. Cette mâchoire qui claque, comme le jeu endiablé d’un mâle andalou, dans son tant tin tian de castagnettes.
Le poète roule la PoéVie, calé en mode évasion dans la trame d’un train sans enfer, plutôt de lumière, même si l’enfer est de ce monde, tiré au dam des hue et à dia veillant en chacun de nous par les exploiteurs de la misère. Pas un seul geste pour appuyer sur la gâchette. Ni de dieu pour comparaître à la table des misères. Trop d’orgueil en toi, pour y conjurer le moindre soupçon d’un doute. Tu t’en retourneras, dès l’aube, aux premières lueurs. Qui est cette autre voix qui dialogue avec le poète dans ce PoéVie Blues, insérant ses répliques sur le rail, les chemins de fer en italiques, de la page ? Tirant des aphorismes d’éclatante vérité.
Le poète marche seul, dans sa montagne, dans ce rien de vivant où nous demeurons provisoirement, au mitan des jours et de la nuit ; au milieu des fleurs. Regardant bien autour de lui : voyant loin.Fais(ant) la nique aux tyrans d’arc en ciel. Respirant, écoutant la vie, avec son chien, sa pipe de Cogolin, guettant le moindre bruit du vent. Seul mais au milieu du monde qui l’interpelle, lui donne l’élan-locomotive. Car, en fait, la grandeur est dans ce qui existe entièrement hors de nous. Exit le désespoir, exit l’indifférence, dans la tendresse d’une pénombre à l’oreille encore aux aguets d’un monde qui, jamais ne sortira indemne de ses lâchetés, de ses bassesses, jamais ne ressortira aguerri de ses stratagèmes et sacrilèges mais, que le poète observe, avec un peu de vin, un peu de rêve, le regard complice, au pied du grand sablier du temps, sous un ciel de traîne encore prêt de s’éveiller. Mais comment résister, se révolter, ébranler faire avancer la Tonne d’Existence comme un cheminot ébranlerait la Cent Tonnes célébrée par le poète Cendrars, quand l’accalmie de l’indifférence vient après l’orage, quand on ne vous demande rien / – écrit le poète avec la force de l’humour cynique –Qu’un peu d’indifférence ?
Pour combattre cette déficience d’humanité, le poète écrit. Ne désirant pas grand-chose, sinon l’impossible. Dans une sorte de renoncement pas tout à fait résigné qui le tient encore dans l’attirance de la rencontre et de la lumière encore possible. Richard Taillefer est un poète de l’espoir, cet entre-deux situé dans le raccord du renoncement et d’une attente d’un avenir meilleur. On a toujours mal d’autre chose, comme ces papillons de nuit égarés en pleine lumière. Inquiétude si paisible du renoncement d’être pour celui qui ne sait pas hausser la tête. Le poète Taillefer attend un monde meilleur semé / planté dans un jardin traversé d’hommes entonnant un chant d’apothéose. Non paschant d’apothéose d’une névrose collective, mais un chant d’apothéose distillé par le chœur parfumé, accordé, des roses.
Le poète écrit. Ces Poévie-blues comme une blessure oubliée entre les pages. Comme une plage escomptée où roulent et dérivent des galets du temps étoilés, où les mots bougent la marge émergée/immergée de la laisse, où les vagues en lames et ressacs gueulent leurs chiens de mer et leurs goémons de révolte, accrochés sur les esquifs visuels, réels mais frêles, des dunes aux oyats invasifs mais aux rêves d’oasis abandonnés aux vents de la solitude. Écrire / C’est un coup de poing / qui cogne à la mâchoire des morts-vivants /Un soleil qui gicle de partout.
Le poète écrit et crie ces PoéVie-blues dans les lames et les ressacs de la révolte marqués par les stigmates de la vie ordinaire. Car le poète gueule aussi, dans ce silence de douleur qui émerge des mots, ses souffrances, ces déraillements du quotidien quand tombent des caténaires de l’orage sur nos chemins précaires ou s’écartent de la voie des éclisses de maintien d’un voyage qui se voudrait pourtant solaire. Le poète gueule sa douleur, impuissante, lui qui porte à corps et à cri, à perte de nuit et d’horizon, à son corps défendant, la douleur d’un être aimé, d’un être proche, d’un être cher (…) J’ai la peur au ventre. J’ai mal de son mal être. On emporte tous ses remords avec soi. J’aurais dû, je n’ai pas pu…