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Blog consacré à Nicolas Pellolio

Publié le 8 juin 2023 à 12:08

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Commentaires

Nicolas Pellolio
il y a 6 mois

Bonjour à toutes et à tous ! Je vais commencer à publier des extraits de mes livres si j'ai suffisamment de place sur mon blog dédié ! Merci de votre intérêt !

Nicolas Pellolio
il y a 6 mois

Chapitre 1 — Requiem pour un gros porc

Sinibaldo laça ses chaussures noires montantes, à semelle en plastique mou, puis il vérifia encore une fois que son revolver — un Beretta 70s — était bien enfoncé dans son holster sous son aisselle gauche. Il se saisit d’un couteau de chasse et le glissa dans un étui de cuir cousu sur sa toute nouvelle veste noire en Kevlar. Il se ceignit d’une cartouchière de .22 Long Rifle et enfila ses gants de latex, noirs également. Il se mira dans son miroir et sourit. Trente-deux ans, toutes ses dents et tous ses cheveux. L’excitation de la chasse arrivait à grand galop et il adorait la laisser l’envahir.
— Prêt ? demanda Farfalla en se positionnant à côté de lui. Elle se déhancha de manière charmante et se sourit dans le miroir, car son corps aux formes méditerranéennes était mis en valeur par le costume moulant.
Sinibaldo regarda avec fierté sa sœur. Elle avait ramassé ses beaux cheveux blonds ondulés en un chignon serré sur le haut du crâne et s’était habillée de la même façon que lui. Seul équipement qui les différenciait : leur arme. Au lieu du Beretta 70s, Farfalla avait une carabine de précision Fr-F1 accrochée dans son dos. Le canon dépassait de plus de trente centimètres derrière sa tête.
— Presque, cara mia ! répondit-il en lui tendant une cagoule noire qu’elle enfouit dans sa poche.
Ils enfilèrent ensuite un large jean par-dessus leur pantalon serré ainsi qu’un gros pull-over de mailles sur leur veste.
« Pas question de sortir vêtu comme des tueurs de cinéma, nous nous ferions arrêter aussi sec ! » aimait répéter Sinibaldo.
— Tu as pris ton faux permis de conduire ? demanda la jeune femme blonde.
— Si ! Et toi, ta fausse carte d’identité ?
— Si ! Alors, andiamo !
Les deux Italiens sortirent de la maison familiale par la porte de la cuisine et s’enfilèrent prestement dans une Citroën BX rouge.
— On ne prend pas l’Alfa ! remarqua la jeune femme en faisant la moue.
— Non. Mamma a préparé la Citroën.
— Je hais ces voitures françaises à hauteur variable : elles me filent la gerbe.
Farfalla déposa son fusil sur le siège arrière, le recouvrit d’une couverture puis s’assit sur le siège passager. Sinibaldo tourna la clé et le moteur ronronna. L’autoradio se mit en marche, faisant retentir « Cambodia ». Farfalla se mit à fredonner les paroles tout en agitant son corps dans l’étroit habitacle. Son frère la regarda du coin de l’œil et grommela :
— Comme je regrette la bonne époque du disco. Comment peux-tu danser sur ces musiques électroniques ?
— Tu le saurais si tu venais avec moi en boîte, rétorqua Farfalla. Je t’assure que c’est le pied de danser sur ces hits !
— Non merci. Le fluo et les néons colorés, très peu pour moi.
— Moi j’aime bien, gloussa Farfalla en touchant ses cheveux. Elle regrettait de ne pas pouvoir mettre un ruban jaune fluo dans ses cheveux lorsqu’elle travaillait, mais pour des raisons évidentes de discrétion, cela lui était impossible.
— Et je suis sûre que si tu voyais la chanteuse, tu changerais d’avis.
Sinibaldo tiqua et jeta un œil méfiant à sa sœur.
— Pourquoi ? Elle est jolie, cette euh... ?
Farfalla acquiesça en souriant.
— Kim Wilde. Oui, très. C’est une Anglaise.
— Une jolie Anglaise ? Tu plaisantes ?
— Pfff, t’as vraiment les goûts bloqués d’un Italien. Je parie que tu trouves que Sophia Loren est la plus belle femme de tous les temps.
Sinibaldo se tourna brusquement vers Farfalla et la BX frôla le pare-chocs d’une voiture garée.
— Eh bien, évidemment ! C’est — c’était et ça sera — toujours la plus belle.
La jeune blonde le regarda avec un air de pitié.
— Tu me fais de la peine. Finies, ces femmes qui faisaient rêver nos pères. Maintenant celles qui déchirent tout, ce sont des Madonna, des Jeanne Mas !
— La première est au moins d’origine italienne, c’est déjà ça, affirma Sinibaldo.
Le tube se termina et la voix enjouée de l’animateur remplit l’habitacle.
— Hey Hey Hey ! La nuit ne fait que commencer, mais elle est déjà chaude ! Grâce entre autres à la sublime Kim Wilde ! La suite ne sera pas plus nationale, mais tout aussi chaude ! Vous qui nous écoutez, demandez-vous ce que vous faites en ce début du mois de juin 1984 ! Si vous n’êtes pas déjà partis en vacances, préparez-vous à décoller grâce à notre radio ! Tubes et hits internationaux, vingt-quatre sur vingt-quatre ! Et pour vous le prouver, voici un hit transalpin : Assassino, de Amanda Lear !
Un hurlement de loups sorti de deux gorges fit faire une embardée à la voiture et aussitôt le frère et la sœur se mirent à chanter à tue-tête, couvrant la voix de la sulfureuse blonde.
Au fil des tubes, la BX remonta le Boulevard de la Villette, puis après quelques centaines de mètres, Sinibaldo prit sur sa droite, pour rejoindre l’avenue Simon Bolivar. Il ralentit et se pencha en avant sur son volant, pour regarder le ciel. Son regard se fixa sur une enseigne lumineuse jaunâtre, qui clignotait faiblement dans l’obscurité : « Hôtel Stegson ».

Nicolas Pellolio
il y a 6 mois

[suite]
Deux voitures étaient parquées devant le bâtiment, sur le trottoir, et deux hommes en gardaient l’entrée, une cigarette au bec. Ils regardèrent passer la BX d’un œil torve en lâchant des pets de fumée par la bouche. Sinibaldo poussa un grognement de satisfaction tandis que sa sœur ricanait.
— Oh, comme c’est trognon : il a besoin de chaperons pour dormir, notre bébé rose, dit-elle en vérifiant que son chignon était parfait dans le miroir du pare-soleil.
— Et comme on est gentils, on lui apporte le suppo, railla son frère, l’air mauvais.

Tiré de "La famille Pomodoro, T1 : Gaspacho russe