Originaire d’Occitanie, Monique Bernard a fait des études de lettres allemandes et françaises dans diverses universités de France et d’Allemagne, et a soutenu à Montpellier une thèse de littérature comparée sur Charles de Villers. Après de nombreuses années d’enseignement du français langue étrangère dans des universités allemandes, en particulier à Göttingen, elle s’est de nouveau penchée sur cet auteur et a écrit une biographie sous le titre : « Charles de Villers. De Boulay à Göttingen. Itinéraire d’un médiateur franco-allemand », parue en 2016 aux Editions des Paraiges à Metz et couronnée en 2017 par le prix de littérature de l’Académie nationale de Metz. Ayant retrouvé le goût de l’écriture qui l’accompagne depuis sa jeunesse et le loisir de s’y consacrer, elle a enchaîné avec une deuxième biographie consacrée à son neveu : « L’inconnu de Vienne. Une enquête littéraire sur les traces d’Alexander von Villers », parue également aux Editions des Paraiges en 2018, dans laquelle le travail du chercheur est décrit comme une enquête policière qui mènera l’autrice jusqu’à la bibliothèque de Vienne, tandis qu’elle nous fait découvrir un personnage fascinant. Elle a publié ensuite une biographie de femme, « Elle s’appelait Elsa. Un amour franco-allemand entre les guerres » : une chronique familiale qui raconte les difficultés et les petits bonheurs d’une Allemande qui épousa un Français dans les années 1900. Enfin en 2021 est sortie sa dernière biographie « L’idéaliste. Malwida von Meysenbug et sa traversée du XIXe siècle européen », un portrait d’une féministe et révolutionnaire européenne engagée, polyglotte imbibée de la culture des pays où elle a vécu, qui a connu tous les grands hommes de son siècle, de Nietzsche, Wagner et Mazzini à Romain Rolland.
Monique Bernard vit actuellement en Allemagne dans la région d’Erlangen.
Retrouvez une interview récente de Monique
Née à la cour de Hesse-Kassel après l'effondrement de l'empire napoléonien, devenue démocrate par conviction, Malwida von Meysenbug (1816-1903) s'affranchit de sa famille aristocratique pour s'affirmer en tant que femme et contribuer à l'éducation de ses consœurs. Témoin privilégié des grands événements de son siècle, du premier parlement de Francfort à l'affaire Dreyfus, en passant par la rencontre fatidique d'Ems, elle vit deux révolutions, l'exil à Londres qu'elle partage avec d'autres réfugiés politiques venus de tous les coins d'Europe, assiste à la naissance de l'unité italienne et à l'émergence de la Prusse conquérante. Artiste, musicienne, essayiste et philosophe, elle est l'amie intime - entre autres - de Richard Wagner, Friedrich Nietzsche et Romain Rolland qu'elle soutient dans leurs épreuves.
Auteur à succès avec ses Mémoires d'une idéaliste, elle est un modèle pour les femmes cherchant à affirmer leur identité dans un monde masculin. Polyglotte, imbibée de la culture des pays où elle a vécu, Européenne dans l'âme, elle incarne le meilleur de la vieille Europe, les idéaux du pays des droits de l'homme, les rêves et la profondeur intellectuelle de celui des poètes et des penseurs, mais aussi l'art et la douceur de vivre de l'Italie où elle finit ses jours.
Aussi à l'aise parmi les gens du peuple que dans les salons de la diplomatie, ferme dans ses convictions mais modérée dans ses propos, elle garde jusqu'à la fin de sa vie sa liberté d'esprit, sa modestie et sa fraîcheur juvénile qui nous séduisent encore aujourd'hui.
Au début du XXe siècle, un jeune Français de bon lignage, voyageant en Allemagne, tombe amoureux de la fille d’un aubergiste. Ils décident d’unir leurs destinées, mais ce ne sera pas facile. La famille française s’oppose au mariage du fils aîné avec la Boche. Mais les amoureux ne cèdent pas aux exigences parentales. Eugène amène son Elsa à Montpellier où elle se fera peu à peu une place. Le couple aura huit enfants dont six survivront au-delà de leur deuxième année. Les épreuves ne feront que consolider leur amour. Un siècle plus tard, ils comptaient déjà plus de quatre cents descendants. Parmi eux, des cousins qui me parlèrent de leur grand-mère, de sa difficile installation en France, entre deux guerres franco-allemandes, de ses souffrances jusqu’à ce qu’elle réussisse à se faire accepter dans ce milieu si différent de celui où elle avait grandi. Ils m’apportèrent des documents sur elle et une chronique familiale rédigée par son fils, à partir de leurs archives et de ce qu’il avait pu reconstituer de cette histoire peu connue, sur laquelle planait encore l’ombre du secret et du mystère. Et c’est alors que je commençai à m’intéresser à sa vie, en même temps que je découvrais son nom. ELLE S’APPELAIT ELSA. Titulaire d’un doctorat ès-Lettres, Monique Bernard a reçu en 2017 le prix de littérature de l’Académie nationale de Metz pour sa biographie de Charles de Villers, parue aux Éditions des Paraiges. Après s’être penchée dans un deuxième ouvrage sur son neveu, Alexander von Villers, L’inconnu de Vienne, elle consacre le troisième à une femme dont le destin oscilla entre Würzburg et Montpellier, deux villes que l’auteur connaît bien pour y avoir vécu.
« Alexander von Villers, neveu de Charles de Villers, se fit connaître par des lettres à ses amis issus de l'aristocratie viennoise, que ces derniers, frappés par leur beauté, décidèrent de publier après sa mort sous le titre « Lettres d'un inconnu ». L'autrice, à la recherche de documents sur son oncle Charles, nous entraîne dans une véritable épopée à travers les archives européennes, jusqu'à la bibliothèque de Vienne où elle espère retrouver des manuscrits inédits. Chemin faisant elle découvre et nous présente la vie romanesque de cet inconnu franco-allemand, autodidacte féministe et écologiste avant la lettre. Né à Moscou peu avant que Napoléon n'y fasse son entrée avec la Grande Armée, enfant terrible et surdoué, il fréquenta la bohême parisienne romantique avant d'être nommé à l'ambassade de Saxe et de terminer ses jours dans une maison entourée d'un grand jardin, dans laquelle il vivait en autarcie et écrivait ses sublimes lettres. »
La vie de Charles de Villers présente tous les caractères d'un roman d'aven- tures : longs voyages, coups du sort, providentielles rencontres, amitiés et trahisons, joies et déceptions, sans oublier l'amour. Durant ses cinquante ans d'existence, il fut le témoin engagé de bouleversements titanesques, assista à la fin de la monarchie en France et à l'émergence d'une conscience nationale en Allemagne, vit la naissance d'un Empire, sa rapide extension de l'Atlantique à l'Oural, puis son effondrement dans le cliquetis des armes et le grondement des canons. Doté d'un physique avantageux, il savait plaire. Germaine de Staël tomba sous son charme, et tenta l'impossible pour l'arracher à l'affection de Dorothea Rodde, avec qui il avait uni son destin. Le drame eut lieu à Metz en 1803. Les pierres de la cathédrale s'en souviennent encore. Mais ce héros de roman était aussi un penseur, un « intellectuel » dirions-nous aujourd'hui, qui atteignit au début du XIXe siècle un niveau de notoriété qu'on a peine à imaginer. Tout ce qui comptait de savants en France et en Allemagne connaissait Charles de Villers ; car il était alors le Français le mieux informé sur ce qui s'écrivait et se discutait de l'autre côté du Rhin, dans les domaines de la littérature, de l'histoire, de la philosophie ou des sciences. Sa Philosophie de Kant fut le premier ouvrage de vulgarisation de la doctrine kantienne ; on y découvrit les mots « subjectivité » et « transcendental », alors totalement inconnus. On lui doit encore l'invention de la littérature comparée, qu'il enseigna à Göttingen. Nombreux sont les domaines où, en aventurier du savoir, il s'est porté à l'avant-garde de la pensée.
Entre 1797 et 1815 les lettres échangées avec Charles de Villers (1765-1815) se déploient autour de centres intellectuels tels Göttingen et Paris, et impliquent de nombreux acteurs, professeurs, hommes de lettres, journalistes, imprimeurs-libraires et diplomates, révélant la triple action de Villers comme écrivain, éditeur et homme public. Cette sélection de lettres, en français et en allemand, restitue fidèlement l’activité d’un intermédiaire culturel entre la France et l’Allemagne dans une période d’effervescence intellectuelle, mais aussi de crise morale, économique et politique. Elle fait émerger dans son actualité et son dynamisme l’œuvre de médiation.
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